Le projet d’unifier les activités de transporteur et de gestionnaire du réseau au sein d’une holding, voulu par la SNCF, est inutile, voire « dangereux », estime la principale fédération des usagers des transports qui prône pour une politique du rail à long terme.
« Redonner tout le pouvoir à la SNCF en lui confiant le pilotage du système ferroviaire (…) est dangereux car sa stratégie de régression actuelle répond à ses intérêts propres à court terme et non à ceux des clients du rail et de la collectivité », juge la Fnaut.
Selon la fédération, qui organisait jeudi une conférence sur ce thème, un système intégré n’est pas nécessaire et ferait, en outre, disparaître « le pluralisme et la double expertise qui se sont développés avec la création de Réseau Ferré de France (RFF).
Depuis une réforme de 1997, la gestion du réseau (assurée jusqu’alors par la SNCF) a été transmise à RFF qui a hérité au passage de la dette de l’opérateur historique (20 milliards d’euros à l’époque).
Ce dispositif complexe est une source de tensions entre les deux groupes et de perte d’efficacité pour l’ensemble. La nécessité de le réformer a été démontrée lors des Assises du ferroviaire, organisées fin 2011 par l’ancien gouvernement. Deux scénarios avaient été examinés lors de cette vaste réflexion de trois mois: l’un approfondissant le découplage actuel, l’autre explorant la voie d’une intégration du gestionnaire de l’infrastructure au sein d’une holding, choix privilégié par la SNCF et inspiré du modèle allemand. Un modèle qui n’est pas transposable en France, selon la Fnaut, qui explique dans un communiqué que « le contexte allemand est bien différent ».
En Allemagne, détaille-t-elle, « le rail a été désendetté (la dette du rail en France frôle les 40 milliards d’euros, ndlr), le problème du statut des cheminots a été résolu correctement, la productivité de la Deutsche Bahn est forte ».
Autre différence, selon la Fnaut: « l’Etat allemand pratique une politique favorable au rail (le soutien financier au rail est de 17 milliards par an contre 10 en France, la taxe poids lourds est en vigueur depuis longtemps) et la DB met en oeuvre avec succès une stratégie offensive de développement des activités ferroviaires ».