Le gouvernement a bien manœuvré pendant le conflit. Le président de la SNCF en sort conforté. La CGT en est la grande perdante.
La grève à la SNCF contre la réforme ferroviaire s’achève (seuls quelques irréductibles ont poursuivi le mouvement ce week-end), et c’est l’heure des comptes. Au-delà d’un trou de 160 millions d’euros dans les comptes de l’entreprise publique, certains protagonistes sortent renforcés de ces 10 jours de conflit, et d’autres fragilisés au contraire.
Les gagnants sont d’abord à chercher du côté de l’exécutif. « Pour le gouvernement, ce conflit est fondateur », juge un observateur. Très vite convaincu de l’impopularité du mouvement auprès de l’opinion publique, Manuel Valls a manœuvré avec habileté, acceptant des concessions périphériques pour fissurer le front syndical tout en se montrant intransigeant sur l’essentiel du projet de loi. Il sort du conflit avec une image de fermeté qui lui sera sans doute utile dans d’autres dossiers, à commencer par le projet de loi sur les relations entre les taxis et les VTC prévu cet été.
Le secrétaire d‘Etat aux Transports, Frédéric Cuvillier, a lui aussi des raisons de se réjouir. La réforme ferroviaire étant sa principale réalisation, une reculade l’aurait privé de bilan ministériel. De plus, la grève lui a fait gagner en notoriété.
Même satisfaction chez Guillaume Pepy. Le président de la SNCF, qui s’est multiplié dans les médias pendant la grève, aurait perdu très gros si le projet auquel il travaille depuis un an et demi était passé à la trappe. Il a également eu le soutien du gouvernement lorsqu’il a opposé une fin de non-recevoir lundi dernier aux grévistes qui souhaitaient obtenir des augmentations de salaire ou des embauches pour cesser la grève.
De fait, le conflit peut marquer un tournant dans les relations sociales à la SNCF. Dans l’entreprise publique, la grève -pour établir un rapport de force- a longtemps été vue comme un préalable aux discussions avec la direction. Depuis son arrivée à la tête de la SNCF, Guillaume Pepy s’efforce au contraire d’affirmer que la négociation paie. Et la réforme ferroviaire en a fait la démonstration : les deux syndicats réformistes, l’Unsa et la CFDT, ont obtenu plusieurs concessions, et ce sans mettre leurs militants sur le pied de guerre. Les voilà confortés dans leur cap stratégique.
A l’inverse, les lendemains de grève vont être difficiles chez Sud, mais surtout à la CGT-cheminots. En campant sur une ligne extrêmement dure (le retrait du projet de loi, quels que soient les amendements qui y étaient apportés), les deux syndicats se sont enfermés dans un bras de fer qu’ils n’avaient que peu de chances de gagner. Ils devront assumer l’amertume de leurs sympathisants, qui ont sacrifié jusqu’à un tiers de leur feuille de paie mensuelle sans avoir rien obtenu.
Ce jusqu’au-boutisme était attendu chez Sud. Mais le fait que la CGT adopte la même attitude a déconcerté les observateurs. Le premier syndicat de la SNCF s’est laissé embarquer par sa base radicale dans un conflit sans issue. De surcroît, des dissensions sont apparues sur la ligne à tenir entre Gilbert Garrel, le secrétaire général de la fédération, et Thierry Lepaon, le patron de la confédération. Des hésitations stratégiques qui risquent de laisser des traces.
Comme si les retards QUOTIDIENS ne suffisaient pas… Ras le bol de cette société de bras cassés. A croire qu'ils sont totalement dependant de la desastreuse situation alors qu'en tant que gestionnaire du reseau, c'est à eux d'agir pour trouver une solution..
C'est tellemznt plus simple de supprimer des trains et les faire arriver en retard que de mettre en oeuvre des solutions pour s'adapter a la hausse des fréquentations…
Ils s'endorment tranquillement sur leur position dominante, en tout cas, jusqu'en 2019..