La principale fédération d’usagers du train s’inquiète des menaces financières qui pèsent sur l’avenir des trains régionaux. L’arrivée de concurrents de la SNCF permettrait d’amorcer un « cercle vertueux ».
Les usagers montent au créneau pour défendre leur TER, ces trains régionaux exploités par la SNCF, mais financés par les régions. La puissante Fédération nationale des associations d’usagers des transports (Fnaut), plus particulièrement, s’alarme de l’avenir du TER, dont le trafic connaît une forte croissance mais serait menacé par la dégradation des infrastructures et par les difficultés financières des régions: sous l’effet de contraintes budgétaires, certaines lignes régionales sont vouées à la fermeture ou à être remplacées par des services par autocars, s’alarme la Fnaut.
Pour faire face à cette situation, elle propose une ouverture à la concurrence, dont les modalités seraient alignées sur les contrats de délégation de service public déjà expérimentés dans le transport urbain (métro, bus, tramway). «Nous estimons que l’ouverture à la concurrence permettrait d’amorcer un cercle vertueux», souligne Jean Sivardière, son président. Pour argumenter sa proposition, l’association met en avant une étude réalisée par plusieurs cabinets de conseils. Réalisée par Beauvais Consultants, KCW et Rail Concept, celle-ci a modélisé les avantages d’une ouverture à la concurrence en France. «On confond trop souvent coût d’exploitation de la SNCF et coût intrinsèque du TER», explique le président de la Fnaut.
Deux scénarios ont été élaborés: le premier vise une réduction de 10 % des charges qu’un exploitant, concurrent de la SNCF, pourrait mettre en œuvre. Le deuxième, plus ambitieux, viserait une diminution de 30 % des coûts. Selon le premier scénario, la recette supplémentaire du TER serait susceptible d’atteindre 101,8 millions d’euros, qui pourraient être réinjectés dans l’augmentation de l’offre, qui elle-même accroîtrait la fréquentation de 12 %. La deuxième hypothèse aboutirait à 367,4 millions d’euros supplémentaires de recettes également réinvestis dans l’offre de trains, ce qui entraînerait une fréquentation accrue de 50 %. Ce cercle «vertueux» permettrait aussi d’engendrer des économies d’énergie et de réduire les émissions de CO2, dans la mesure où le trafic supplémentaire se substituerait à des déplacements en voiture. Pour réduire les coûts du TER, les pistes sont nombreuses: polyvalence du personnel, hausse du temps de conduite, billettique embarquée…
L’échéance de 2019
Mais le débat sur l’ouverture à la concurrence en France se heurte à de vives résistances. «Les présidents de région sont extrêmement violents à l’égard de la SNCF qui exploite ces lignes. Pourtant, il n’est pas question pour eux de faire appel à la concurrence!», s’étonne Jean Sivardière.
L’association s’interroge sur la date à laquelle les premières expérimentations pourront avoir lieu. En juin dernier, le Conseil économique et social a proposé qu’une première phase, fondée sur le principe du volontariat, démarre en 2015 dans trois à six régions. Mais le gouvernement n’est pas pressé d’ouvrir cette brèche. «Ce n’est pas la solution à laquelle il pense», regrette le président de la Fnaut. Le calendrier européen a fixé à 2019 la date à laquelle l’ouverture à la concurrence devra être achevée dans le transport ferroviaire.