Le gouvernement à l’unisson. Une grève « inutile », « irresponsable », « injustifiée ». Les mêmes adjectifs reviennent en boucle dans la bouche des membres du gouvernement pour qualifier le mouvement social qui paralyse la SNCF depuis une semaine. Alors que la réforme ferroviaire arrive mardi à l’Assemblée, le ton est encore monté du côté de l’exécutif, bien décidé à montrer qu’il ne lâchera rien face aux grévistes. Dans la matinée, le secrétaire d’Etat aux Relations avec le Parlement Jean-Marie Le Guen a dénoncé avec force les « jamais contents » qui prennent « en otages » les voyageurs. « Ce projet de loi est une avancée, y compris dans le chemin qu’ils voudraient prendre et malgré tout, ils ne sont jamais contents, il n’y en a jamais assez ! ». »Eh bien non, ce n’est pas comme ça que ça va se faire et ils vont le comprendre ! », a-t-il prévenu.
Aucun intérêt à lâcher car … Après sept jours de grève, l’exécutif durcit donc le ton face aux cheminots grévistes, pariant sur l’essouflement du mouvement et jouant l’opinion contre les grévistes. Une stratégie payante qui permet à François Hollande de réaffirmer son autorité au moment où des textes décisifs se présentent à l’Assemblée. L’exécutif n’a donc aucun intérêt à lâcher car …
… Car les Français condamnent la grève. Trois Français sur quatre (76%) se disent opposés à la grève des cheminots, selon une enquête Harris Interactive. « Un rejet inédit, souligne dans Le Parisien le sondeur Jean-Daniel Lévy. D’ordinaire, les Français soutiennent plutôt les mouvements de cheminots, car ils ont le sentiment qu’ils défendent le service public et l’intérêt général. Cette fois, ils ne comprennent pas du tout… », relève t-il. François Hollande, Manuel Valls et son gouvernement peuvent donc jouer l’opinion contre les grévistes. Pour autant, ils auraient tort de crier victoire trop vite car à peine un Français sur trois fait confiance au gouvernement pour sortir de cette crise.
… Car François Hollande montre son autorité. François Hollande, qui se voit sans cesse reprocher un manque d’autorité, tient là l’occasion de montrer qu’il peut être ferme. Le président en a fait la démonstration, vendredi, depuis Andorre, en paraphrasant le leader communiste Maurice Thorez. « Il y a un moment où il faut savoir arrêter un mouvement et être conscient des intérêts de tous », a-t-il déclaré. Une source gouvernementale, interrogée par Le Huffington Post, estime qu’en réalité, le chef de l’Etat n’a pas le choix. »C’est l’occasion d’endosser enfin aux yeux des Français son costume de président. Il n’a pas d’autre solution que la fermeté. S’il rate ce rendez-vous, c’est foutu, tout le monde sera dans la rue ».