Fraudeurs involontaires, opportunistes ou systématiques, ils sont 20% à emprunter les TER sans billet en Paca, région la plus touchée par ce phénomène en France, selon les premières assises sur le sujet organisées aujourd’hui à Marseille par le CE des cheminots.
A l’occasion de ces rencontres qui se déroulaient dans l’hémicycle du conseil régional, la direction de la SNCF a avancé des pistes de travail pour s’attaquer à l’évasion de recettes liée à la fraude, estimée à 23 millions d’euros par an, dont 13 à 15 millions pourraient être récupérés.
Avec un voyageur sur cinq en situation irrégulière, à comparer à une moyenne nationale de 11%, « c’est une région atypique. On a de grosses banlieues, une pauvreté importante, des touristes en masse, des étudiants, des frontaliers », a expliqué Marcel Alméro, secrétaire adjoint CGT du comité d’établissement, soulignant que les contrôleurs font payer chaque année 300.000 billets dans le train et dressent 120.000 PV.
Les fraudeurs, jeunes pour la plupart, se divisent en trois catégories, selon Roland Le Bris, du cabinet d’audit Transversales: « Les voyageurs de bonne foi qui n’ont pas pu acheter leur titre avant le départ », ceux qui montent à bord sans billet en faisant le pari de ne pas être contrôlés, et enfin les purs et durs qui ne paient jamais « pour des raisons de calcul économique ou de refus des institutions ».
Récemment, de nouveaux comportements sont apparus, dotés d’une dimension collective et militante pour protester contre la qualité défaillante du service, à l’image des « naufragés du TER » dans les Alpes-Maritimes. Michel Vauzelle, le président PS du conseil régional (lequel investit 242 millions d’euros pour le fonctionnement des TER en 2012), avait lui-même lancé un « coup de gueule » début 2010, s’estimant « volé » par l’entreprise.
Si le directeur régional de la SNCF Philippe Bru a noté des progrès rendant l’action des contrôleurs « plus légitime », des cheminots ont fait part de plaintes répétées des voyageurs. « WC insalubres ou condamnés, sièges lacérés, trains supprimés ou en retard, le prix n’est pas en adéquation avec la qualité. La question que je vous pose: c’est qui fraude qui? », a lancé l’un d’entre eux.
D’autres ont déploré une baisse des moyens pour un trafic en hausse, passé de 500 à 700 trains, pour 100.000 personnes transportées quotidiennement, dans un contexte de recrudescence des agressions.
Toutefois, pour les différents partenaires, « il n’y a pas de fatalité ». Et de citer en exemple le succès du filtrage d’accueil sur le quai pour les TGV.
De la tarification au recouvrement des procès-verbaux, dont seulement 50% sont exploitables en raison de fausses adresses et 8% acquittés au final, ils ont préconisé des actions sur l’ensemble de la chaîne.
Parmi les chantiers évoqués, une meilleure communication sur les tarifs – pour faire connaître par exemple la nouvelle carte « Zou! Etudes » à destination des moins de 26 ans -, une cartographie en temps réel des trains et gares où la fraude sévit le plus, ou encore la création d’une « équipe d’assistance rapide » pour les grands événements, de type festival de Cannes.
« L’élément clé, c’est la visibilité. On ne pourra pas être crédible si on ne progresse pas sur ce point », a estimé M. Bru, qui souhaite une redéfinition « sans tabou » du métier de contrôleur.
Les syndicats réclament par ailleurs la réouverture du centre de recouvrement régional, supprimé au milieu des années 2000 alors qu’il avait permis de faire passer le taux d’acquittement des amendes à 25%.
Pour dépasser le problème et répondre au défi écologique, Jean-Marc Coppola, vice-président de la Région, a lui proposé une solution radicale: la gratuité, tout simplement.
Il est vrai que le peuplier peu plié peut plier ( lol!) 🙂