Décentralisation et transparence : tel est le leitmotiv du nouveau patron des trains régionaux (TER) de la SNCF, Alain Le Vern, pour améliorer la qualité du service et calmer la grogne persistante de ceux qui le financent, les présidents de conseils régionaux. Lui-même ancien président de la région Haute-Normandie jusqu’en septembre dernier, Alain Le Vern a fort à faire avec ses anciens collègues. Retards persistants, comptabilité opaque, coûts qui s’envolent… Les régions bombardent régulièrement la SNCF de reproches et plusieurs d’entre elles ont suspendu leurs paiements, ou refusé les augmentations annoncées pour 2014. Le million d’usagers quotidiens des TER n’est pas non plus avare en critiques. Sur ce point, Alain Le Vern, qui présentait hier sa feuille de route, s’est évertué à défendre sa nouvelle maison : « il y a des raisons d’avoir un dialogue viril avec la SNCF, mais il y aussi un bruit de fond injuste, notamment pour la régularité. »
Réorganisation et proximité
Le taux de trains arrivés avec un retard de moins de 5 minutes était de 91,4 % l’an dernier et de 92,3 % au premier trimestre, avance-t-il. L’ambition est d’arriver à une moyenne annuelle de 93 % d’ici à deux ans. Ce qui sera facilité, concède-t-il, par les commandes de nouveaux trains financés par les régions, qui vont permettre de retirer du service les trains « les plus fragiles ». Surtout, la gestion des TER va désormais être organisée sur une base régionale. L’opération, qui sera symbolisée par le transfert de la direction nationale des TER de Paris à Lyon début 2016, doit permettre d’optimiser les opérations de maintenance et d’augmenter le nombre de trains en circulation. Alain Le Vern estime qu’elle débouchera sur 12 % de gains de productivité sur les cinq prochaines années. Cette décentralisation devrait également faciliter le dialogue avec les 20 régions concernées. « Les leviers de décision seront au plus près des collectivités, cela favorisera la réactivité », plaide la SNCF, révélant au passage que ce n’est pas le cas aujourd’hui…
Cette proximité sera couplée à plus de transparence financière, une réponse au grief récurrent des présidents de régions. La SNCF promet « l’affectation directe des charges de maintenance, de conduite ou d’accompagnement des trains ». Ainsi, les décideurs locaux « connaîtront la facture activité par activité et pourront décider sur quel levier jouer » si elles veulent faire baisser leur facture ferroviaire, explique Alain Le Vern. Ce faisant, le nouveau patron des TER exclut implicitement une nette baisse des coûts de la SNCF, malgré les gains de productivité annoncés. Il assure d’ailleurs ne pas craindre la concurrence du privé sur ce sujet, et renvoie sèchement dans les cordes ceux qui évoquent l’audit mené en Lorraine par une filale de Transdev , qui aurait fait apparaître une surévaluation de 25 millions (sur 165) de la facture présentée par la SNCF : « Ca n’est pas démontré ! Nous demandons toujours à voir ce fameux audit.»