Mercredi 24 septembre, apprend-on dans le Parisien le trafic sur les lignes J et L du Transilien, dans l'Ouest parisien, sera fortement perturbé par une sombre histoire de punch. Les syndicats SUD-Rail, CGT et UNSA de la gare Paris-Saint-Lazare lancent un préavis de grève de vingt-quatre heures. La SNCF annonce un train sur deux. Des dizaines de milliers de voyageurs sont concernés.
Il s'agit de défendre deux agents qui passent cet après-midi en conseil de discipline pour avoir bu un apéritif un dimanche soir de février 2013, avec quelques collègues, dans la salle de repos d'un poste d'aiguillage important. Le Point avait publié une vidéo de la soirée, tournée par un collègue au téléphone portable. L'article, publié six mois après la catastrophe ferroviaire de Brétigny-sur-Orge, était sobrement titré :
« Quand l'alcool coule à flots à la SNCF, les usagers trinquent »
On y voyait des agents rigolards boire un cocktail rhum-piment-citron dans la salle de repos. L'un d'eux, à son poste d'aiguillage, disait avoir oublié de « clignoter »un train entrant sur un quai occupé.
Après une enquête interne, huit agents ont été sanctionnés, écrit Le Parisien. « Ils ont été reçus à plusieurs reprises, explique-t-on à la direction générale de Paris-Saint-Lazare. Deux d'entre eux, qui avaient consommé de l'alcool, ont été mis à pied deux jours et quatre sanctionnés par une mise à pied d'un jour avec sursis pour ne pas avoir alerté leur hiérarchie. Le conseil de discipline se prononcera demain [mercredi] sur les cas d'un cadre opérationnel et d'un agent de maîtrise. »
La CGT s'insurge. La vidéo, écrit le syndicat, est « bidonnée ». D'ailleurs, son auteur a été congédié par la SNCF. Ces sanctions sont une forme de « répression patronale », pur produit de « la posture dogmatique de la direction dictée par Pepy », le PDG de la SNCF.
En réalité, informe la CGT : on n'organisait pas un apéritif dans la salle de repos du poste d'aiguillage : on faisait cuire des crêpes. « Et, pour la pâte, ils ont amené du rhum, breuvage qui, une fois passé à la poêle, aura perdu sa capacité enivrante. »
Pure association d'idées, en soi bien innocente : un agent aurait eu l'idée de préparer un petit cocktail au piment, avec le fond de rhum. Une boisson tellement épicée « que personne n'a fini son verre ». D'ailleurs, les agents ont « parfaitement géré », trente minutes plus tard, une situation dangereuse où des voyageurs se sont retrouvés sur les voies. « Mais la direction refuse d'en tenir compte », regrette le syndicat, qui évoque « un sentiment d'injustice et d'irrationalité ».
La direction régionale de Paris-Saint-Lazare, elle, botte en touche. Rappel à la loi et dignité des agents : « On prend cette affaire très au sérieux, souligne un de ses responsables. L'alcool est prohibé sur tous les lieux de travail et a fortiori dans un poste de sécurité. Mais il faut rappeler que ce cas est marginal. Les agents SNCF ont la sécurité toujours présente à l'esprit. »